Qu’est-ce qui est le plus contagieux ? La générosité ou la cupidité ?

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Creative commons : Enokson

Si l’on en croit une étude menée par des chercheurs de l’Université de Harvard, on répond davantage à la cupidité par la cupidité, ou à l’injustice par l’injustice, qu’à la générosité par la générosité.

Concrètement, comme expliqué en détails dans un article du Medical News Today article, les chercheurs ont soumis des individus à une série de 5 expériences mettant en jeu de l’argent, et à d’autres en rapport avec le travail. Dans les deux cas, le résultat était le même : des individus soumis à une injustice avaient plus tendance à répéter cette injustice auprès d’autres personnes, que les individus soumis à des conditions ou des actes généreux n’avaient tendance à répercuter cette générosité.

Toutefois, on notera deux biais assez évidents dans les expériences, telles que décrites dans le journal scientifique. Tout d’abord, après avoir soumis leurs cobayes à un stimulus positif, neutre ou négatif (générosité, égalité ou cupidité), les chercheurs les soumettent à exactement la même situation, ou leur demandent d’effectuer exactement le même type de tâche ; deuxièmement, les individus exposés se voient demander d’agir à leur tour immédiatement après qu’ils ont reçu le stimulus en question.

Autrement dit, l’étude ne donne aucune indication sur l’impact à moyen ou long terme de la générosité, de l’égalité de traitement ou de la cupidité sur les personnes. Elle ne renseigne pas non plus sur l’impact sur l’état d’esprit général des individus soumis à tel ou tel traitement, dans d’autres situations de la vie, qui ne sont pas strictement identiques.

Donc, on peut rester optimiste pour 2013 !

Coopération (2) : l’enfer est pavé de bonnes intentions

Pour paraphraser Gide, c’est avec les beaux sentiments que l’on fait de la mauvaise coopération. Plus exactement, la coopération n’est pas du registre des sentiments. L’exemple des tournois logiciels organisés par Axelrod le prouve assez : des robots programmés peuvent avoir un comportement coopératif. On verra même dans un futur billet que les passions peuvent contrecarrer la coopération. Néanmoins, l’homme est fait autant, sinon plus, de passion que de raison. Que l’on s’en réjouisse ou qu’on s’y résigne, c’est ainsi. La dimension émotive impacte donc nécessairement la coopération. Si la coopération n’est pas affaire d’intentions, elle est affaire de communication de ses intentions. Il s’agit non seulement de coopérer par des actes mais aussi signifier son intention de coopérer.

Les choses se corsent dès lors que l’on considère que coopérer avec quelqu’un consiste à effectuer une action favorable à ses intérêts et qu’inversement un comportement hostile doit être sanctionné immédiatement par un comportement hostile de même intensité. Le problème, c’est que tout est question d’estimation :

  • comment puis-je connaître les intérêts de mon partenaire ?
  • est-ce que, même, je suis toujours conscient de mes propres intérêts ?
  • si je sanctionne un comportement que je juge hostile alors qu’il était neutre dans l’esprit de mon partenaire (erreur d’appréciation), ma sanction risque d’être incomprise
  • existe t-il une échelle qui permette de comparer l’intensité des actes coopératifs ou adverses ?
  • Lorsque l’on essaye de jouer sur un mode coopératif avec ses partenaires, il faut faire en sorte que ses actions soient le plus intelligibles possibles. Cela nécessite du savoir-faire et du faire-savoir : j’agis de telle façon avec toi et je t’explique pourquoi. Autrement dit, la coopération met en oeuvre des compétences certaines en psychologie et en communication.