Les outils collaboratifs sont-ils enfin entrés dans les mœurs ?

A l’occasion de la parution du nouvel ouvrage de Suzy Canivenc et Marie-Laure Cahier, Numérique collaboratif et organisation du travail – Au-delà des promesses, Jérôme Delacroix s’est entretenu pour Coopératique avec les deux autrices.

Jérôme Delacroix (J.D.) : Bienvenue sur le blog Coopératique, sur lequel nous traitons des pratiques coopératives en entreprise et des outils associés. Commençons par une question de vocabulaire. Quelle différence faites-vous entre la coopération et la collaboration, et pourquoi vous être intéressées aux outils collaboratifs et non pas aux outils coopératifs ?

Marie-Laure Cahier
Marie-Laure Cahier

Marie-Laure Cahier : Nous suggérons dans notre livre que les outils numériques dits collaboratifs devraient en fait être appelés outils coopératifs. Cette idée repose sur une distinction entre collaboration et coopération. Les deux font référence à une production collective. Mais dans la collaboration, cette production collective est le fruit d’une addition de tâches individuelles, spécialisées, et le plus souvent coordonnées par une instance supérieure. Chacun reste responsable de son propre résultat. La coopération, elle, renvoie à une activité dans laquelle l’intensité relationnelle et l’interdépendance entre les personnes impliquées sont supérieures à celles de la simple collaboration.

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Coopération ou collaboration ?

Pourquoi ce blog s’appelle t-il Coopératique et non Collaboratique ? On retrouve dans coopération et collaboration deux mêmes notions : l’action et le collectif. Pourtant, les deux termes ne sont pas synonymes. Tout d’abord, la racine n’est pas la même. Collaborer vient du latin “laborare” qui signifie “travailler, peiner” ; coopérer vient de “opera” qui signifie “travail, activité”. Ce terme n’a donc pas la même connotation de pénibilité.

Ensuite, ce n’est pas pour rien si dans l’entreprise on parle d’ordinaire de ses “collaborateurs” et pas de “coopérants”. Pourquoi ? Parce que la collaboration n’entend pas nécessairement le désir individuel de participer à une oeuvre commune, alors que ce désir est beaucoup plus présent dans la coopération. La collaboration se réalise surtout au sein d’une structure, d’un plan d’ensemble, ce qui n’est pas nécessaire en coopération.

Au final, la coopération suppose la libre participation d’individus à une oeuvre commune, parce qu’ils y trouvent un intérêt individuel. Elle se distingue surtout par le fait que le coopérant est donc moteur, initiateur, apporteur de créativité. Elle met en avant, beaucoup plus que la collaboration, les notions de réseau interpersonnel et d’auto-organisation.