Wiki Art : oeuvres collectives en quête d’auteur ?

Crowd, photo de James Cridland

L’une des caractéristiques du Web 2.0 tel que décrit par Tim O’Reilly est son caractère “éditable” ou “piratable” (hackable en anglais). Les sites, services et applications se construisent par touches successives, en recomposant en permanence des briques existantes. C’est tout le sens des mash-ups (agrégation de contenus tirés d’autres sources) ou des applications utilisant les API d’autres services Web (Google Maps, Twitter, etc.)

Cette tendance n’est pas seulement technique, elle est comportementale. Le Los Angeles Times analyse dans son article
“Essay: Technology changes how art is created and perceived”
comment elle se traduit dans le domaine de l’art.

L’article prend plusieurs exemples. L’un d’entre eux est le Johnny Cash project. Il s’agit d’un site hommage à Johnny Cash sur lequel les internautes sont invités à construire collectivement un vidéo clip pour le titre “Ain’t no Grave”. Les internautes peuvent soumettre un dessin pour chaque image du clip et/ou voter pour leurs dessins préférés. Le résultat de ce processus de création collective (crowdsourcing) sera le clip final.

Un autre exemple est Reality Hunger, un ouvrage de David Shields réalisé comme un collage de 600 fragments tirés d’autres livres.

Le phénomène du “remix”, les reprises, dérivations, enrichissements d’oeuvres existantes, ont pris avec le Web 2.0 une ampleur sans précédent. Certes, les oeuvres inspirées de travaux antérieurs ne sont pas nouvelles. Le pop art a fait quant à lui du détournement un mode opératoire délibéré, que l’on pense à Andy Warhol ou Lichtenstein, par exemple. Mais jusqu’à présent un individu était à l’oeuvre, imprimait le plan d’ensemble de la reprise ou du collage, lui donnait son intention. C’est encore le cas de Reality Hunger. Mais la somme des retouches apportées par mille mains non coordonnées sur une initiative telle que le Johnny Cash project sera t-elle animée par un esprit donnant sa cohérence à l’ensemble ? On aboutirait alors à une oeuvre pas forcément anonyme (les participants peuvent laisser leur nom ou un pseudo) mais apersonnelle (ne reflétant aucune individualité) sinon impersonnelle ; une oeuvre aux milles contributeurs mais sans auteur. Sauf à penser que la collectivité soit mue par un inconscient collectif et que l’oeuvre reflète une personne transcendant la multitude…

Réseaux et systèmes

Je viens de découvrir une ressource intéressante que j’aimerais partager avec vous :

Introduction
à la Systémique

Le
XXème siècle aura connu un important changement de méthode
: l’apparition du paradigme systémique, venant compléter
le paradigme analytique – ou comment l’on est passé de la métaphore
fondationnelle du bâtiment à la métaphore organisationnelle
du réseau.

Ière partie : Les fondateurs

1.
La théorie générale des systèmes (Bertalanffy)

2. Le structuralisme

3. La cybernétique

4. La théorie de l’information

IIème
partie : La notion de système

1.
Historique

2. Quatre concepts fondamentaux

a.
L’interaction (ou l’interrelation)

b. La totalité (ou la globalité)

c.
L’organisation

d.
La complexité.

3. Description d’un système

4. Conservation des systèmes : état constant et homéostasie


5. Variété d’un système


6. Typologie des systèmes


IIIème partie : outils et domaines d’application

1.
Les deux systémiques


2. Les outils systémiques

Le raisonnement analogique


Les techniques d’aide à la décision

Les représentations graphiques

3. Les domaines d’application

  blog it

La systémique apporte sans doute un regard intéressant sur les dynamiques de groupe et les phénomènes coopératifs ou non coopératifs. En tout cas, j’ai bien envie de creuser la question.

Pierre Levy à Paris le 5 juin

Pierre LevyInfo rapide reçue de Jean-Michel Cornu sur la liste de diffusion “Intelligence Collective” de la FING : Pierre Levy,Directeur de la Chaire de Recherche du Canada en Intelligence Collective, interviendra le mardi 5 juin de 14h à 18h à l’Université Paris 8 sur le thème “Etat et nouvelles perspectives du Web sémantique : langage IEML “.

Brève description du langage IEML :

“IEML (Information Economy Meta Language) est une langue artificielle conçue pour être à la fois manipulable par les ordinateurs et capable d’exprimer les nuances sémantiques et pragmatiques des langues naturelles. Sa conception a répondu à trois problèmes interdépendants : l’adressage sémantique des données du cyberespace, la coordination des recherches en sciences de l’homme et de la société, et enfin la gouvernance distribuée de l’intelligence collective au service du développement humain.”

Interview de Pierre Levy par Denis Failly : présentation d’IEML

Interview de Pierre Levy par Michel Alberganti (Lemonde.fr)

Plus d’informations sur le séminaire et inscription sur le site de Paris 8.

En 7 minutes : événements et enjeux récents de la construction collective du savoir

Wikipédia, Britannica, CitizendiumOn a beau suivre de près l’actualité du 2.0, un résumé ne fait jamais de mal, surtout lorsqu’il est mené de main de maître. Or c’est le cas du reportage réalisé par Serena Altschul pour CBS News. En 7 minutes, elle nous rappelle les enjeux et réalisations de Wikipédia, nous présente en quoi Citizendium en diffère et donne la parole à l’Encyclopaedia Britannica qui revendique sa primauté. La journaliste a réussi le tour de force d’interviewer : Ward Cunningham, inventeur des wikis ; Jimmy Wales, cofondateur de Wikipédia ; Larry Sanger, fondateur de Citizendium ; et un représentant de l’Encyclopaedia Britannica, Theodore Popus.

Elle nous rappelle d’abord l’ampleur du phénomène Wikipédia : cinq millions d’articles, une audience qui double tous les 4 mois. Jimmy Wales revient sur l’ancêtre de Wikipédia, Nupedia, et les raisons de son échec. Un Wikipédien donne son interprétation de la popularité et de l’essor de son site préféré : contribuer sur Wikipédia n’est pas un travail mais un jeu. On découvre aussi dans ce film que la doyenne Britannica a su se renouveler et a même une longueur d’avance sur ses deux rivales en termes techniques (présence de vidéos, d’animations pédagogiques, sur sa version en ligne). Continue reading En 7 minutes : événements et enjeux récents de la construction collective du savoir

L’intelligence collective, qu’est-ce que c’est au juste ?

L'intelligenceL’intelligence collective est un concept de plus en plus utilisé dans les médias, par les entreprises et même par les hommes politiques, désormais. On ne peut que se réjouir de sa nouvelle popularité. Ceci dit, encore faut-il savoir ce que l’on met derrière les mots. Gare à ceux et celles qui l’utiliseraient en incantation, comme la clé de résolution de tous les problèmes. Pour notre part, nous préférons une approche plus modeste qui consiste à s’intéresser à ses manifestations. C’est pourquoi nous focalisons notre étude et notre pratique sur la coopération et les jeux entre des acteurs, tous phénomènes observables, eux.

Ceci dit, cela n’empêche pas de s’interroger sur l’intelligence collective. Mais pour pouvoir définir ce que c’est, il faudrait d’abord savoir s’entendre sur ce qu’est l’intelligence.

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Citizendium ouvre ses portes au grand public

CitizendiumAprès une phase de beta privée commencée en novembre 2006, le projet Citizendium est maintenant ouvert aux inscriptions. Il s’agit d’un projet de construction coopérative du savoir, permettant aux internautes de contribuer sur un wiki sur une multitude de sujets. Cela vous rappelle quelque chose ? Pas étonnant, puisque le projet a été lancé par Larry Sanger, co-fondateur de Wikipédia en 2001.

Citizendium part d’un constat : depuis 2001, l’engouement suscité par Wikipédia et la richesse des sujets qu’on y trouve démontrent la validitéd’une production collective et ouverte du savoir, qui ne soit pas réservée à quelques uns. C’est ce que Pierre Lévy exprime ainsi : “personne ne sait tout, mais tout le monde sait quelque chose. ” Cependant, Wikipédia soulève de nombreuses questions en termes de crédibilité de l’information. Dans quelle mesure peut-on faire confiance à un savoir produit de manière anonyme ? Comment éviter les erreurs venant du fait que ce n’est pas pareil de croire que quelque chose est vrai et de le mettre sur un wiki, et de savoir quelque chose et de partager sa connaissance ? Comment éviter que, dans un article, tout soit sur le même plan : l’essentiel et l’anecdote ?

Citizendium, quant à lui, veut associer la “sagesse des foules” et la valeur de l’expertise. On y trouve deux types d’articles clairement identifiés : les articles en construction et les articles qui ont été examinés, complétés, retravaillés par des spécialistes reconnus du domaine en question (universitaires, professionnels qualifiés, etc.). Y a t-il une différence de valeur entre les deux types d’articles ? Autrement dit, l’expertise validée par une formation, des années d’études sur un sujet et la reconnaissance des pairs, ajoute t-elle quelque chose à un article ? La réponse est évidente mais il est souvent utile d’affirmer les évidences. Oui, l’expertise apporte de la crédibilité, augmente la confiance que l’on peut apporter à ce que l’on lit. L’expert est un tiers de confiance.

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AgoraVox se lance dans le WikiJournalisme

AgoraVox WikiEnquêteCarlo Revelli annonce dans AgoraVox le lancement d’une initiative de WikiJournalisme sur AgoraVox. L’idée est de produire de véritable articles d’investigation, permettant de découvrir des choses qu’on ne peut pas lire dans les autres médias. Le tout en utilisant la dynamique du wiki. Le constat de Carlo nous semble juste : il faut aller plus loin que la simple reprise d’informations vues ailleurs, que les discussions d’opinions. Ses propositions sont intéressantes : désigner un “journaliste” coordinateur, imaginer un mode de rétribution pour celui-ci par les lecteurs eux-mêmes, via par exemple du micro-paiement par Paypal. Enfin, saluons son initiative visant à impliquer des journalistes professionnels de supports de presse écrite, notamment. Bientôt, il sera peut-être possible de retirer les guillemets autour de “WikiJournaliste”. Le projet d’AgoraVox va en tout cas dans ce sens.

Lire la présentation du projet par Carlo Revelli.

Découvrir et participer à AgoraVox WikiEnquête

Citizendium : une nouvelle initiative de construction collective du savoir

CitizendiumUn nouveau projet de création collective de savoir, Citizendium, vient de voir le jour, sous l’impulsion de Larry Sanger. Nous vous en dirons plus prochainement sur ces pages. Ce que l’on peut d’ores et déjà retenir :

– le projet sera un wiki qui devrait partir du substrat de Wikipédia
– il associera apport du contenu par les non spécialistes et édition, relecture par des experts reconnus
– il mettra l’accent sur la responsabilisation des auteurs, incluant l’édition en utilisant son vrai nom

Le projet accouchera t-il d’une initiative originale associant production du savoir par la myriade de contributeurs profanes et validation, croisement de l’information, légitimation par des experts reconnus ? Nous le saurons peut-être bientôt si le projet démarre et devient visible rapidement. La multiplicité des approches, des initiatives et des discours regardant l’intelligence collective est déjà une bonne nouvelle en soi.

La santé distribuée

Health and peopleTrouvée sur Cooperation Commons une étude d’un organisme affilié au UK Design Council qui rejoint l’un de mes centres d’intérêt : “la santé ouverte, un modèle de santé active”.

La description du rapport par Andrea Saveri (Institute for the future) :

Ce rapport donne une vision de la facon dont les systèmes ouverts et le raisonnement en plates-formes peuvent aider à réorganiser la santé publique. Il étudie les enjeux du passage d’un modèle de santé centralisé à un système plus distribué qui met l’accent sur les patients, l’auto-prise en charge, le support entre proches (peer-to-peer support) et l’intelligence distribuée. Il met en avant le concept de co-création de la santé et montre comment les foules intelligentes aident les gens à gérer leur santé et à s’engager dans des activités saines. C’est un très bel exemple de la facon dont les théories et les principes de la coopération peuvent s’appliquer à des domaines très importants et très pratiques.