SETI@Home est le programme de recherche qui a rendu populaire le grid computing auprès d’un large public. Rappelons en deux mots de quoi il s’agit. Le principe est de faire analyser par les ordinateurs de milliers d’Internautes volontaires les signaux reçus par le radiotéléscope d’Arecibo (Puerto Rico) . Celui-ci scrute sans cesse l’univers à la recherche d’un éventuel signal extraterrestre, c’est-à-dire un signal lointain dont les caractéristiques ne pourraient pas être naturelles.
Depuis le démarrage du programme, les cinq milliards de signaux repérés par le programme se sont vus affectés un coefficient de probabilité pour mesurer la possibilité d’une origine extraterrestre. Les deux-cents signaux avec les meilleurs scores ont fait l’objet d’une session de ré-observation en mars 2003. Et parmi ces deux-cents signaux, une poignée a pu être observée une deuxième fois. A l’intérieur de cette poignée, un seul, baptisé du joli nom de SHGb02+14a, a vu son score augmenter.
Ces informations ont été reprises par le magazine New Scientist, déclenchant une forte excitation, qui a amené Dan Werthimer, scientifique en chef à l’université UC Berkeley et responsabe à SETI@Home, à déclarer que “l’éruption de déclarations selon lesquelles SETI@home aurait découvert un signal émananant probablement d’une civilisation extraterrestre est fortement exagérée”.
Effectivement, comme le précise le New Scientist, ce signal pourrait provenir d’un phénomène astrophysique naturel jamais observé jusqu’alors. Déjà en 1967, Jocelyn Bell Burnell, de l’Université de Bath au Royaume-Uni, avait détecté avec son équipe un signal incompréhensible pour l’époque…et qui s’était révélé être le premier enregistrement d’un pulsar !
D’autre explications peuvent être avancées. Il se pourrait qu’un objet au sol perturbe la réception du radio-télescope. Eric Korpela, chercheur à l’UC Berkeley, évoque même la possibilité d’une supercherie possible de la part de certains utilisateurs de SETI@Home. Néanmoins, les caractéristiques vraiment originales du signal rendent la fraude au moins aussi improbable que l’origine extraterrestre du signal. Dixit Eric Korpela, cité par le New Scientist : “comme je ne sais pas comment fabriquer un tel signal, je ne peux imaginer aucun moyen de le simuler”.
Alors, quid de ce signal, qui apparaît tout de même bien particulier parmi les cinq milliards déjà traités ? Selon The Planetary Society, fondation non gouvernementale américaine dédiée à la recherche spatiale, et sponsor principal de SETI@Home, “les chances que SHGb02+14a soit un signal intelligent venu de l’espace lointain sont extrêmement faibles”. Par ailleurs, sa fréquence dérive rapidement, ce qui accroît encore cette improbabilité. Quoi qu’il en soit, SETI@Home a permis de découvrir un signal particulièrement singulier, qui risque de donner encore pas mal de travail aux astrophysiciens.
Il y a quelques siècles, Blaise Pascal écrivait puissamment “Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie”. Peut-être des programmes comme SETI@Home pourront-ils un jour nous rassurer…en faisant taire le silence.